dimanche 9 juin 2013

Le plein d'émotions au Kawah Ijen

Nous quittons donc Bali pour Java, la dernière île d’Indonésie que nous visiterons avant de rentrer en France. L’excitation des enfants à l’idée du retour se fait de plus en plus sentir. Dans un mois ils vont pouvoir retrouver leur famille qu’ils réclament de plus en plus et  manger du pain et du fromage…


Dans le ferry pour Java, comme toujours tout le monde veut photographier les enfants, en particulier Océane, très convoitée pour sa peau claire et ses cheveux dorés!


Les mêmes hommes nous escorteront même jusqu’à notre hôtel en nous aidant à porter nos bagages. Finalement c’est parfois plus simple juste parce qu’on voyage avec des enfants.



A peine arrivés sur Java, ayant peu de temps avant l'expiration de nos visas, nous voulions rapidement faire l'ascension d'un volcan avant de rejoindre les bureaux de l'immigration de Yogyakarta (à plus de 15h de bus tout de même!) pour obtenir notre extension. Une fois sur place, nous hésitions encore entre le Bromo, un volcan à la vue panoramique sensationnelle, facile d'accès (les enfants peuvent soi-disant y être portés par des ânes) et très touristique et le Kawah Ijen, connu pour son lac sulfureux aux reflets turquoises et sa mine de soufre, tout deux nichés au milieu du cratère. Le deuxième nous attirait davantage mais le problème des enfants se posait. Pourraient-ils le faire avec un départ prévu à 4h du matin pour commencer l'ascension avant le lever du jour? N'était-il pas un peu dangereux de les emmener là-haut sachant que la plupart des guides touristiques évoquent les problèmes respiratoires des jeunes enfants que peuvent provoquer les vapeurs de soufre une fois arrivés? Sachant que les deux nôtres ont toujours leur terrain asthmatique... 

Nous avons finalement fait notre choix après avoir rencontré Pépé, un jeune javanais anglophone qui nous a rassurés quant aux risques pour les enfants. Il inspirait confiance et nous en avions tellement envie tous les deux... Concernant la difficulté de l'ascension, nous avons à l'avance une fois de plus fait confiance à Océane (et ses jambes de gazelle) qui ne cesse de nous épater depuis notre départ. C'est donc armés de notre "Ventoline", d'un masque, des doudous (promenade de nuit oblige!) et d'une grande détermination que nous sommes partis à 4h du matin au pied du Kawah Ijen. Le réveil à 3h45 (au son du muezzin!) fût un peu rude mais l'excitation était bien présente pour nous tous : nous allions vivre encore une aventure extraordinaire en famille... Après avoir embarqué le petit déj léger préparé par l'hôtel, nous avons sauté dans notre jeep pour rouler à travers la jungle. Une heure plus tard, nous étions au pied de cette soufrière à ciel ouvert. Pour la première fois depuis longtemps, nous avions vraiment froid, il ne resterait plus qu'à monter pour se réchauffer.


On quitte Banyuwangi en pleine nuit à 4h du matin. C’est parti mon kiki !


A notre arrivée, nous avons suivi le chemin des mineurs de soufre pour arriver jusqu'au cratère. Certains avaient déjà quelques heures de travail derrière eux mais tous gardaient le sourire et l'envie de communiquer avec le peu de vocabulaire anglais dont ils disposaient. Les quatre que nous avons rencontré en bas au début ont fait l'ascension avec nous et ils avaient l'air agréablement surpris de voir nos deux loulous s'aventurer par-là à cette heure-ci pour grimper à leurs cotés. Il faut dire que Monsieur Kawah Ijen culmine tout de même à 2300 mètres d'altitude. Pour y grimper, Océane a elle aussi dû gravir 800 mètres de dénivelé sur seulement 3 km! Je vous laisse imaginer le degré moyen d'inclinaison : un peu hard il faut l'avouer à 6 ans et demi et surtout en s'étant levée à une heure si matinale. Bien que fatiguée (et un peu jalouse il faut le dire de voir son frère toujours dans les bras de papa!), elle a essayé de garder le sourire jusqu'à la fin, sans doute aidée par notre fierté de la voir réaliser cet exploit et bien sur l'envie de découvrir ce qu'il se trouvait au sommet. Après une étape à près de 2000 mètres d'altitude à la cabane du pesage pour prendre une petite collation et acheter aux mineurs des sculptures en soufre (soit dit en passant très jolies et qui leur permettent d'arrondir les fins de mois), nous avons poursuivi notre route pour atteindre le sommet du volcan après une montée bien raide, durant laquelle nous avons croisé une centaine de porteurs. 

Après être remontés, nous avons marché sur la crête le long du sommet du cratère, traversant d'épaisses vapeurs sulfureuses, protégés par nos masques. La vue était splendide, d'autant qu'on a eu la chance que ce jour là le temps soit découvert et les vapeurs de soufre rapidement emmenées au loin par le vent. Heureusement car "Ça pue l'œuf pourri" comme répétaient les enfants! Une des raisons pour laquelle nous ne nous sommes pas plus approchés des soufrières. Nous avons préféré rester au sommet à observer la beauté des lieux et le spectacle saisissant qui s'offrait à nous. Au fond de ce chaudron de roche s'étale le lac, nappe immobile d'un vert laiteux, à côté duquel s'échappe un épais nuage de fumée sortie de la soufrière. Les porteurs récoltent le précieux minerais jaune à la source au milieu des nappes suffocantes, avant de le charger dans des paniers en bambous, de remonter avec les 500 m de dénivelé depuis le fond du cratère, et de le porter sur les 3 km qui redescendent en pente raide jusqu'en bas où attendent les camions.

Rencontre avec les premiers porteurs au pied du volcan. Eux sont en t-shirt et grelottent, et nous avons aussi du mal à nous réchauffer.

Ces deux là resteront auprès de nous jusqu’à la fin, ne cessant de dire « beautiful » ou « top model » à Océane ! Heureusement qu’on rentre bientôt en France, ici elle finirait par avoir la grosse tête!

Célian encore fatigué est bien content d’être porté par son papa.

Il se réveille peu à peu et demande finalement à grimper seul. Ca ne durera pas longtemps !
 
Mais Océane saura en profiter. Pas folle la guêpe ! 5 petites minutes, mais dans une partie très raide (comme on peut voir sur la photo), ça lui aura fait du bien au moral. Maintenant on est tous bien réchauffés et on comprend mieux pourquoi les porteurs n’avait qu’un t-shirt au départ.


En chemin on croise des porteurs déjà bien chargés, qui ont dû partir très tôt de nuit. 
Ça nous met l’eau à la bouche pour le sommet.






Le jour s’est levé et l’on peut observer derrière nous un joli paysage.



On aperçoit au loin des fumées de soufre s’échapper.

 On s’en approche.
 

Toujours beaucoup de fumées de soufre. Ça commence à puer !




Les enfants mettent leur masque pour passer au travers.


Ils s’inventent de nouvelles histoires dans lesquelles le soufre serait en fait de l’or !

On atteint enfin la crête.


Yes, nous y voilà !


Sublime !

« Ça pue mais c’est quand même génial ! » – nous dira Océane après avoir poussé un énorme « waouh ! »

Beurk ça sent l’œuf, qui c’est qui a pété ?!

 On trouve au sommet des paniers de soufre disséminés un peu partout.










Les fumées de soufre viennent de 500 mètres plus bas et les blocs de soufre font 3 ou 4 mètres de hauteur.

En zoom, la soufrière et se mineurs. On les aperçoit en tout petits.

Océane toute fière de la tortue en soufre achetée aux mineurs.
 
Et le loulou qui ne s’en souviendra peut-être pas même si il adore.


On monte un peu plus, direction le haut de la crête.



Le lac est d’un vert laiteux qui semble presque visqueux.



L’heure à laquelle on commence d’habitude à travailler.

Ils l’ont fait !


Sans eux rien n’aurait été possible. Merci à Kangou et Tatouille de nous avoir accompagnés.

Et merci à Océane pour cette belle photo..

Au-dessus du nuage de soufre, on profite de la pureté des lieux.
 

Et c’est sans doute le souvenir le plus impressionnant que nous retiendrons de cette sortie. Il faut dire que leur travail est à ce jour le plus pénible que nous ayons pu observer. Pour des raisons que l'on ignore, il n'existe aucun treuil pour acheminer le soufre en haut du cratère puis, sur l'autre versant jusqu'en bas du village. Pourquoi n'utilisent-t-ils pas des charrettes, au moins pour la partie du chemin qui est plate au sommet du volcan? L'interrogation persiste... Non, non, eux font tout à dos d'homme parcourant 8 km aller-retour, aussi bien sur le plat que dans des pentes terreuses et glissantes au milieu des cailloux (et ce parfois en tongs!). Si à l'aller leurs paniers sont vides, au retour, leur chargement de soufre peut aller de 60 à 90 kilos. Même si ils ont l'air costauds, la plupart des porteurs sont plus petits que moi ! C'est impressionnant de voir ces petits bouts d'homme porter dans ces conditions des charges qui font leur poids ou davantage ! On se demande bien comment ils peuvent y parvenir. On comprend aussi pourquoi beaucoup ont des cicatrices sur les épaules et parfois leur corps déformé. Et on imagine mal, je pense, la souffrance qu'ils sont capable de supporter et la force mentale dont ils disposent pour enchainer ainsi les voyages. 

Max a essayé de soulever un panier rempli, la douleur des trapèzes écrasés était apparemment intense et il ne se voyait pas faire plus de 100 mètres sans risquer de se déplacer une vertèbre. Pourtant il n'est pas si gringalet! Sachant qu'on a mis 2h30 juste pour monter et que eux se tapent en plus la descente dans le cratère avec une telle masse sur le dos, on peut dire qu'ils sont assez BALAISES quand même!  Ah oui, j'oubliais... Ils font ça deux à trois fois par jour pour être payés 700 roupies par kilo, soit environ 6 centimes d'euros, soit 4 euros pour 70 kilos. Et pour couronner le tout, leur espérance de vie excède rarement 40 ans. No comments! 

Ça aura eu le mérite de me faire bien relativiser le jour de la connaissance de mon poste pour la rentrée prochaine. Il n'est certes pas celui rêvé (très semblable à celui de l'an passé) mais je ne me m'autorise pas à me plaindre après ce que je viens de voir. J'essaierai de repenser au travail harassant de ces courageux porteurs devant ma classe quand viendront les jours difficiles.


En bas à droite, un mineur qui a déjà fait un sacré chemin depuis le fond du cratère.

Ça donne une idée du chemin qu’ils parcourent pour sortir du cratère.


Le défilé des porteurs qui remontent…

puis longent la crête.
 

On pourrait se dire « ouf », enfin la montée du cratère terminée mais non…


il leur reste encore 3 km de descente! :-(



Célian fera presque toute la descente en marchant comme un grand.


Sur le chemin du retour, pause au camp de base où les chargements sont pesés.

La pesée

Observez comme les lattes de bambous s’enfoncent sur ses trapèzes.


 
Vu le poids, mieux vaut les poser en hauteur pour ne pas avoir à les soulever inutilement.

Ouf, enfin redescendus. Il ne nous reste que plus qu’à retourner à l’hôtel, prendre vite les sacs, filer à la gare routière et faire 15h de bus pour rejoindre Yogyakarta ! Une journée bien chargée.



Retour en jeep

Arrêt dans des plantations sur les flancs du volcan.


Arbre à cannelle.

Ça sent trop bon !


Un caféier

En attendant notre bus, Célian, HS, fait la sieste.

2 commentaires:

  1. Plus de poussette, de matelas, etc... Tout ce fameux confort ! A la dure, la vraie !

    Grosses bises à vous 4 et un grand bravo aux 2 petits loulous pour leur courage !

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  2. Bonjour Mon Ammi, Comment allez-vous ?ici lien blog pepe for kawah ijen excursion

    https://ijensulphurlake.blogspot.co.id/2012/05/kawah-ijen-tour.html

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